Association de Sauvegarde du Patrimoine de Thimert-Gâtelles

1 place de la Mairie

28170 THIMERT-GÂTELLES

LE CHÂTEAU DISPARU DE TRESNEAU

   LOCALISATION   

A la sortie de Châteauneuf, sur la route de Digny, vous ne pouvez pas manquer la Ferme Neuve. Prenez à droite la route de Tresneau. Vous passerez sans le savoir par l’avenue seigneuriale autrefois bordée d’une double rangée de tilleuls, d’où on apercevait l’étang du château et ses bosquets. Ce chemin amenait au château par la basse-cour.

Chemin de la ferme Neuve au château

Entrée du château par le potager

A l’entrée de la ferme se trouvait le poteau de justice que tout seigneur haut-justicier avait le droit de faire élever sur ses terres, comme signe de son autorité. A ce poteau étaient attachés des chaînes et un collier de fer ou carcan, que l’on passait au cou du condamné. Même si cette coutume n’était plus usitée au XVIIIe siècle, les poteaux ont perduré ainsi que la salle d’audience dans le château et la prison dans la basse-cour (attestés lors de l’inventaire à la Révolution).

A l’angle de la rue de la Songerie, vous empruntez la rue des Petites Maisons et rejoignez l’entrée actuelle de la ferme. Les anciens fossés du château existent encore, même si, cachés dans la verdure, ils sont moins apparents que sur cette carte postale du début du siècle.

Anciens fossés du château hier et aujourd'hui

   DU MANOIR AU CHÂTEAU   

Le manoir, entouré de ses fossés en eau, remonte au XVIe siècle et ressemblait sans doute à ce dessin sur papier calque, reproduit par le Maire de Châteauneuf en 1915. La tour donjon sépare la partie ancienne, à droite, percée de meurtrières et dotée d’une échauguette, de la partie moderne, à gauche, percée de plus larges baies.

Reproductions du manoir sur papier calque

Plan de Tresneau(Atlas de Pontcarré 1722-1734)

Au XVIIe siècle, le manoir se transforme en château moderne, composé d’un corps principal, flanqué de trois tours, l’une au centre, les deux autres aux extrémités, précédées de deux ailes en angle droit. 

Au XVIIIe siècle, les tours ont disparu mais le château conserve son avant-corps avec deux ailes latérales et ses deux pavillons. Il comporte deux étages au-dessus du rez-de-chaussée, vingt-trois baies en façade, et un nombre considérable de chambres et d’appartements.

   LES PROPRIÉTAIRES DEPUIS LE XVIe   

La seigneurie appartient à la famille de Gruel au XVIe siècle, à Jean-Baptiste Desmarets entre 1714 et 1717 et à la famille Parat entre 1717 et 1761. A cette date, elle est achetée par la femme de François-Marie Peyrenc de Moras, contrôleur général des Finances du roi Louis XV, fils d’un simple perruquier du Vigan qui s’est enrichi dans la spéculation sur le papier-monnaie.

Le fils a hérité de sa fortune et a le crédit du roi. Ce n’est pas un hasard s’il obtient la permission de percer en 1761 une route qui relie Châteauneuf, par la voie royale de la forêt, au château de Tresneau. 

François-Marie Peyrenc de Moras

Plan de Tresneau (Atlas de Trudaine

En 1781, c’est la comtesse, Louise-Adelaïde Durey de Meinières, veuve du comte de Guitaut, âgée de 40 ans, qui achète la seigneurie de Tresneau, laissant à la disposition de  son fils, le château familial d’Epoisses en Bourgogne. En mai 1778, elle y a fondé une manufacture de bas de coton  pour hommes, femmes et enfants dont elle surveille les comptes à distance. A Tresneau, elle fait bâtir à l’entour de sa propriété des petites maisons pour ses gens.

Seul, son charron abusera de sa confiance et se vantera de n’avoir rien déboursé pour sa maison, alors qu’il devait la rembourser sur la vente de sa maison à Saint-Arnoult. Le temps a joué pour lui. La Révolution est en marche. Elle gagne les campagnes et si on ne s’attaque pas encore aux personnes, on s’attaque aux odieux privilèges. Ainsi, le poteau de justice de la Picotière, sur le chemin de Châteauneuf à Courville, est arraché.

 

Louise Adelaide Durey de Meinieres

   LE DÉCLIN   

 

La comtesse prépare son départ. Elle vend à tour de bras, jusqu’aux cens et droits féodaux cédés contre 5000 livres à son notaire. En janvier 1791, elle quitte le château, transite par son hôtel particulier de Paris et traverse les frontières en direction des Etats Allemands  où son gendre rejoint l'armée des Princes.

Ses biens sont alors saisis et vendus comme biens nationaux. On vide dès 1792 le contenu du château, on vend les meubles, on porte le linge, les cuivres, l’argenterie et le plomb à Chartres ou à Paris pour l’effort de guerre contre l’ennemi qui menace la France.

On vend, entre l’an II et l’an III, les fermes de la Coudraye, Pigalle, le Grand Vimetz, Longueville, le Poirier Fleury et la Ferme Neuve. On vend les maisons du village de Tresneau qui appartenaient à la comtesse et étaient louées à ses gens. 

Le château sert de cantonnement aux troupes qui passent, de prison et de magasin de grain. Il est énormément dégradé quand un avocat versaillais l’achète en 1797. D’ailleurs, il le fait démolir et ne conserve qu’une moitié de la ferme. Il vend l’autre partie à un propriétaire de Versailles.

La Terreur est passée, le Directoire est mis en place puis le Consulat. Dans les premiers mois de 1800, s’effectue une rentrée massive des émigrés qui tentent de sauver ce qui peut l’être encore de leur fortune et de leurs biens.

La comtesse rentre, elle aussi, rayée de la liste des émigrés en l’an IX (1801). Elle qui a tout perdu, vient demeurer à Châteauneuf où elle meurt, à presque 80 ans, entourée de sa petite-fille et de son mari.

Aujourd'hui, il ne reste du château, en dehors de quelques fossés, que la chapelle peu reconnaissable car transformée en grange qui garde la trace de ses ouvertures en plein cintre sur les murs, la ferme devenue une belle maison et de nombreux souterrains avec l'ancienne citerne à eau du château.

La ferme du château aujourd'hui

La chapelle devenue bâtiment agricole

La ferme est toujours en exploitation agricole aujourd'hui et appartient à un domaine privé.

Page réalisée avec l'aimable autorisation de Catherine Turpin auteur de l'article sur le Château de Tresneau (d'après ses recherches aux archives nationales et départementales) publié sur Wikipédia 

Pour en savoir plus aller sur le site https://fr.wikipedia.org/wili/château_de_Tresneau