Association de Sauvegarde du Patrimoine de Thimert-Gâtelles
1 place de la Mairie
28170 THIMERT-GÂTELLES
La chapelle Notre-Dame de Lorette, ou Saint-Ouen, était celle du manoir seigneurial qui se dressait au fond de la cour qui la jouxte, située dans l'avant-cour elle s'ouvre sur le chemin. Le manoir a quant à lui disparu pendant les guerres de religion, il n'en reste que les douves.
Vue de ce qu'il reste d'une partie des douves
(côté droit)
De la chapelle on sait peu de chose. D’après la charpente et la table d’autel, elle peut dater du début du XVIe. Mais certains écrits la font remonter au XIVe, d'après sa porte d'entrée, la fenêtre qui est au-dessus et celle qui éclaire le côté droit, toutes de forme ogivale. Aucun document ne révèle l'époque précise de sa construction, ni son généreux et pieux fondateur.
Si modeste soit-elle, cette chapelle est entrée dans l’histoire judiciaire du XVIIe, alors qu’Arpentigny était un foyer de protestantisme. Le seigneur, Jean de Gravelle, manifeste son impiété en refusant l’accès de la chapelle aux paroissiens, en y gardant ses porcs, y faisant briser les images, ôter la cloche qu'il fait mettre au haut de sa maison, emporter le bénitier pour en faire une auge à volailles, ôter bancs, ornements et meubles. Il est condamné en 1647 par la Cour du Parlement de Paris pour ces faits de fanatisme outré : la chapelle doit être remise en état et rouverte.
La chapelle appartient à la Commune au moins depuis le Concordat de 1801.
L’aspect extérieur est celui d’une grange et il faut s’approcher pour y reconnaître les éléments religieux.
Au dessus de la porte en plein cintre, se superposent une niche pour recevoir une statue (volée), une fenêtre en ogive et sous la pointe du pignon, légèrement décalée, une niche abritant la cloche.
Faute de fenêtre, l’intérieur est sombre. Il présente une charpente en forme de coque de bateau renversée, qui a malheureusement perdu son lattage.
La table d’autel est sculptée de 3 écus : le plus grand au centre porte une croix sur fond d’hermine, identique à celui que l’on trouve sur la charpente de l’église de Thimert ; le second à gauche porte 3 pattes de griffons (peut-être en lien avec Graffard, famille ayant des attaches dans la région ?) ; le 3e à droite porte 3 poissons. Ces blasons ne correspondent pas aux familles ayant été propriétaires du château.
L’autel est surmonté d’un dosseret ou contre table du XIXe, orné d’un bas relief en plâtre peint d’origine inconnue (peut-être un réemploi ?) intéressant par ses analogies avec des garnitures d’autel du XVIe. Notamment avec celui de la chapelle Saint-Sanctin de Chuisnes. Il reproduit des scènes de la vie de la Vierge, tirées des « Apocryphes » qui ont eu un regain de faveur sous la Renaissance en raison de leur caractère prosaïque : de gauche à droite : la naissance avec le bain du nouveau né, le mariage et la dormition de la Vierge.
A droite de l’entrée, se trouve un bénitier portatif en pierre et armorié (famille d’Illiers ?). Est-ce le même que Jean de Gravelle mit dans sa basse-cour ?
Curieusement il est enchaîné au mur !
Pas toujours identifiables, quelques modestes statues de bois ornent encore la chapelle, dont une Vierge à l’enfant et un évêque polychromes au dessus de l’autel, Saint-Roch avec son chien dans l’angle du mur à gauche et Saint-Luc à droite écrivant assis sur un taureau.
Le nom de Notre-Dame de Lorette donné à la mère de Jésus, vient de ce qu’un pèlerin aurait transporté une partie de la maison de la Sainte Famille, de Nazareth à Loretto en Italie.
Lors de la fête de la nativité de Notre-Dame le 8 septembre, a lieu chaque année à Arpentigny, le dimanche le plus proche de cette date, un petit pèlerinage local au cours duquel est sortie en procession la statuette de la Vierge de Lorette en bois polychrome. Elle était aussi autrefois mise aux enchères et confiée pendant un an au donateur le plus généreux.