Association de Sauvegarde du Patrimoine de Thimert-Gâtelles
1 place de la Mairie
28170 THIMERT-GÂTELLES
A l'origine, ancienne église de la léproserie de Thimert, la chapelle Saint-Laurent, ou du moins ce qu'il en reste, se situe dans la Grande Rue à droite une fois passée la rue des Près de Comte. Elle est entourée d'une vaste esplanade en herbe.
Les circonstances de sa fondation sont racontées par Gervais II de Châteauneuf, dans une charte de 1240. Elle serait due à son ancêtre, Gervais 1er époux de Mathilde de Châteauneuf. Celui-ci parti en croisade en 1128 en était revenu en 1136 avec des compagnons atteints de la lèpre.
Un modeste refuge pour les malheureux malades du pays existait déjà en ce lieu. Afin d’y accueillir les croisés atteints de la lèpre par eux rapportée, il le dota richement en terre, jardin, vin, pain, froment... et les revenus de la dîme levée sur le pain cuit dans le four seigneurial de Châteauneuf.
Puis, Hugues II et son fils Hugues III ajoutèrent d’autres faveurs : maison à perpétuité, taxe de marché, terre, pré, « deux pains, un tierceau par setier de vin et cinq œufs à percevoir chaque dimanche des mains des moines de Thimert » et la construction d’un hospice. Gervais II qui fut aussi croisé en 1202 suivit les exemples de charité de ses aïeux ainsi que ses fils Hugues, Hervé et Gervais. Ils furent imités par les nombreux seigneurs du voisinage pour leur salut et celui de leurs héritiers.
Si bien que fondée dès les premières années du XIIe siècle et définitivement constituée avant 1210, la maladrerie de Saint-Laurent est richement dotée. Peu après 1140 la chapelle est consacrée et vers 1150 une Fraternité, association de Frères voués au soin des malades recueillis, est organisée.
C'était un petit édifice roman très simple de 40 mètres de pourtour et 8 mètres de hauteur, avec une abside en demi-cercle orientée vers la route de Chartres. Les murs extérieurs étaient à peine soutenus par de puissants contreforts en grison.
L'intérieur était faiblement éclairé par huit fenêtres, dont certaines aveuglées. Les pèlerins s'agenouillaient devant un autel primitif presque dénudé en maçonnerie, aux pieds de la statue du Saint Martyr.
Croquis anonyme non daté
On sait par un document retrouvé dans les archives municipales (ci-dessous) qu'en 1853 la couverture est entièrement refaite, ainsi qu'un bout d'entablement du côté de la route, tous les piliers réparés et les pavés manquants dans la chapelle remplacés. Il est aussi précisé que l'adjudicataire des travaux "devra prendre toutes les précautions possibles pour conserver le lambris et l'intérieur de la chapelle." et que "le fer nécessaire à ces ouvrages sera pris dans la chapelle Saint-Paul (église de Thimert), c'est à dire qu'il sera fourni par la Commune de Thimert".
Humble et modeste asile de lépreux, cette chapelle a toujours été un lieu de grande vénération dans tout le Thymerais et de pèlerinage le 10 août jour de la fête de la Saint-Laurent. On venait de loin prier le Saint martyr pour être préservé des maladies et des infirmités corporelles. Le sanctuaire, malgré sa pauvreté avait peine à contenir tous les pèlerins qui se rassemblaient à l’appel de la clochette suspendue dans la brèche ajourée du pignon.
La léproserie de St Laurent abritait encore quelque lépreux en 1575, "le dimanche 13 février, fut célébré le mariage de Michelle Dufour, lépreuse de la maladrerie de St-Laurent, avec Pierre Vallée, lépreux de la maladrerie et léproserie de Brezolles." (Registres de Thimert)
A la fin du XVIe siècle, on signalait encore quelques lépreux.
Mais par la suite, Louis XIV prit une mesure générale pour supprimer ces établissements, devenus inutiles à ses yeux et réunir leurs revenus aux hôpitaux.
Un arrêt du Conseil du 20 juillet 1696, établit un hôpital à Châteauneuf destiné à recevoir les malades du bourg et de Thimert et il y adjoint les revenus de la maladrerie.
La chapelle servit encore longtemps de lieu de pèlerinage et elle garda jusqu'avant la deuxième guerre mondiale l'aspect présenté sur la photo ci-dessous.
Endommagée en 1940 par un bombardement, elle ne bénéficia pas des dommages de guerre alloués à l'hospice de Châteauneuf, pour la restaurer. En 1952 la toiture s'effondre en partie, les murs sont démolis vers 1969, le tableau anonyme du XVIIe qui surmontait encore l'autel et représentant le Martyr de Saint-Laurent est conservé et replacé dans l'église Saint-Pierre au dessus du banc d'œuvre ainsi que la clochette qui servait à rassembler les pèlerins suspendue dans le bas-côté Sud.
Aujourd'hui il ne reste qu'un pan de mur de la façade, complètement transformé et mécon-naissable et dont la cloche a disparu dans la nuit du 1er au 2 mai 2019, abattue et volée par des vandales le défigurant encore un peu plus !